Les tribus de l'Aurès conservent une tenue qui appartient à la grande famille des costumes berbères, dont l’élément fondamental reste Elhaf. Il s’apparente, par le nom, à la Melhafa des Constantinoises et de toutes les citadines algériennes.
Le péplum à fibules ou Elhaf perdure dans les villages de l’Aurès plus longtemps que dans les autres régions montagneuses de l’Algérie. Il se confectionne à partir de lés de toile de coton noire. Les galons de passementerie vivement colorés, le plus souvent jaunes, rouges, verts ou roses, soulignent ses bords.
L’elhaf en coton nécessite la présence de vêtements sous-jacents, surtout pendant la saison froide. Une chemise et une tunique, toutes deux coupées dans de simples cotonnades, sont prévues à cet effet. La première, portée à même la peau, s’appelle Meqdha. De forme rudimentaire et de teinte sombre, elle possède des manches, tandis que la tunique qui la surmonte, appelée Téjbibt, en est dénuée.
Costume Chaoui : Photo Ancienne. Aurès 1935. Thérèse Rivière.
Les deux fibules de l’elhaf sont enjolivées de décors filigranés, mêlés à d’autres types d’ornements, tels que les demi-sphères creuses, les grenailles, les incisions, les contours dentelés, les incrustations de verres rouges ou verts et surtout les ajours qui tracent des motifs géométriques et floraux. La plaque soudée à la racine de l’ardillon de la tabzimt aurésienne supporte ces décorations et différencie les fibules entre elles.
Modèle Commercial.
La monotonie du péplum est rompue par la présence d’une chaîne reliant les deux fibules entre elles qui soutient aussi bien des boîtes à amulettes rectangulaires en argent ciselé ou repoussé, appelées lehrouz, que des boîtes à miroirs circulaires, appelées thilema’in.
La femme chaouia détient un autre bijou de grande valeur qui suffit à lui seul à parer le buste : le guerran ou aqerran. Chargé de trois disques liés entre eux par des fragments de chaînes, il connecte deux fibules arrondies qui retiennent les pans du péplum.
Grâce à la ceinture obtenue, comme sa cousine kabyle, par l’assemblage de tresses de laine aux couleurs vives, elles déterminent la longueur du péplum de manière à découvrir la partie inférieure des énormes bracelets de chevilles en argent ciselé dont elles ne se séparent jamais.
L’assujettissement des vêtements aux bijoux s’observe également au niveau des bras : les manches évasées de la meqdha dépassent à peine le niveau du coude de façon à laisser paraître les nombreux bracelets, appelés imeqyasen et imesyasen. Les Aurésiènnes enfilent au moins trois paires d’imeqyasen par bras, mais cette quantité double à l’occasion des cérémonies, à moins qu’elles ne les mélangent à des bracelets ajourés plus anciens ou encore à de larges bracelets pourvus de tiges, appelés souar.
Au XIXe siècle, l’aspect colossal de ces ikhelkhalen cylindriques d’au moins huit centimètres de haut détonne avec la forme rudimentaire des chaussures, qu’elles soient du modèle le plus répandu qui emploie des semelles d’alfa tressé et qui s’attache autour du pied et de la cheville à l’aide de cordelettes, ou bien du modèle de fête plus coûteux en cuir rouge ou jaune garni de pompons verts, appelé belgha.
L’extrême variété des anneaux d’oreilles aurésiens du XIXe siècle se réduit, au cours des décennies suivantes, à quelques modèles de boucles aux dimensions plus modestes. La Tchouchana disparaît et la Timechreft devient démodée. La coutume qui veut que les femmes alignent trois ou quatre anneaux différents sur chaque oreille et accrochent les plus lourds d’entre eux au turban à l’aide de cordonnets s’efface progressivement.
Les étoffes des foulards et du turban qui coiffent les villageoises se devinent difficilement sous le diadème formé de plaques ajourées illuminées de verroteries, notamment dans les villages de la vallée de l’Oued Abdi où se concentrent les orfèvres les plus habiles et les plus réputés de la région. Proches du diadème, les temporaux ou ne’assa, suspendus au turban et annexés aux chaînes de la jugulaire, angab, qui passe sous le menton, impressionnent parfois par leurs dimensions. Ils jouxtent les tchouchnèt ou timchrafin, splendides anneaux d’oreilles d’origine byzantine rehaussés de motifs ajourés internes et de dentelures externes, qui émergent du turban.
Sources : Extraits de : L'ALGERIE, SES COUTUMES, SA CULTURE, ET SES TRADITIONS.
Web : https://azititou.wordpress.com/2013/09/08/costumes-de-laures/
. La coiffure de la femme des Aurès.
La femme chaouia, se couvre la tête d'un ou plusieurs foulards accompagné(s) d’un turban, très souvent enduits d’huile d’olive parfumée, à l’aide de clous de girofle, de rose ou de laurier. Le premier foulard, généralement noir (parfois rouge), est mis à la manière kabyle, c’est-a-dire plié en triangle, les deux pans croisés sur la nuque, revenant se nouer sur le haut du front.
Le turban torsadé, savamment drapé, est mis selon le goût de chacune, soit droit sur la tête, soit légèrement incliné sur la gauche. les deux pointes peuvent saillir au sommet du crâne au-dessous des oreilles. Un foulard de crêpe (‘abrouq) peut encore être épinglé sur le turban et flotter à l’arrière.
A Tagoust, le turban des vielles femmes est rouge et doit cacher entièrement la chevelure, tandis que les jeunes femmes de ce village, comme des autres, ont une frange sur le front (goûssa) et deux mèches tombant sur les joues.
Les cheveux au niveau des oreilles forment deux tresses qui se nouent au-dessus de la tête.
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