Surnommée Capitale des Aurès, la ville de Batna est située à 435 km au sud-est d'Alger et à 113 km au sud-ouest de Constantine. Cette ville est considérée comme la plus haute agglomération d'Algérie, bien qu'elle soit construite sur un relief en cuvette entourée de montagnes. Le climat est de type semi-aride avec des températures moyennes qui varient de 4 °C en janvier à 35 °C en juillet.
La ville est divisée en douze secteurs urbains, dont le centre historique témoigne de son passé colonial. On y trouve l’ancien quartier européen, avec ses bâtiments d’époque, et le quartier dit Z’mala, autrefois appelé village nègres, chargé d’histoire populaire.
Village Nègre. Batna.
Ce centre-ville conserve encore des témoignages urbains de la fin du XIXe siècle, comme le Théâtre Régional de Batna, bâti en 1899, et le Jardin municipal attenant, lieux de rencontres culturelles et sociales.
Les Jardins publics des Allées Mostefa Ben Boulaïd, autrefois connus sous le nom des Allées Bocca, illustrent l’évolution symbolique de la ville, qui passe d’une structure coloniale à une mémoire révolutionnaire.
L’Hôtel d’Orient et d’Angleterre, érigé vers 1885, accueillait autrefois les visiteurs européens, touristes ou officiers. Parmi ses clients célèbres figurent John Wayne, icône du cinéma américain, et le grand chanteur égyptien Mohamed Abdelwahab.
Batna, Cœur Battant de la Révolution.
Au-delà de son urbanisme, Batna est avant tout une ville de lutte et de résistance. Elle fut la capitale de la Wilaya I historique pendant la Guerre de Libération Nationale (1954–1962). C’est à partir de cette région montagneuse et difficile d’accès que la lutte armée contre la colonisation française s’est organisée avec le plus de vigueur dès les premiers jours de l’insurrection.
La figure de Mostefa Ben Boulaïd, natif de la région, y est omniprésente. Membre fondateur du CRUA (Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action) et l’un des six chefs historiques du FLN, il lança la révolte armée à partir des montagnes de l’Aurès.
Son influence et celle de la région ont marqué l’histoire contemporaine de l’Algérie.
Terre d’inspiration Littéraire, Scientifique et Artistique.
Batna et les Aurès ont inspiré de nombreux écrivains, chercheurs et artistes au fil du temps. L’écrivain Jean-Pierre Marin, fils de forgeron batnéen, raconte avec émotion l’univers ouvrier et populaire de la ville dans "Au forgeron de Batna". Le père Philippe Thiriez, missionnaire ayant vécu 41 ans à Batna, a publié plusieurs ouvrages, dont "En flânant dans les Aurès", qui retrace l’histoire de la ville de sa fondation jusqu’aux années 1980.
L’auteure américaine Elizebeth Friedman, quant à elle, s’est intéressée à la communauté juive de Batna, dans un ouvrage de près de 200 pages retraçant leur histoire, leur culture et leur place dans la société locale.
À cette richesse littéraire s’ajoute une importante contribution ethnographique et scientifique, grâce à l’expédition menée dans les années 1930 par Thérèse Rivière et Germaine Tillion, deux ethnologues françaises venues étudier les Chaouis des Aurès.
Basées à Batna, elles ont mené un travail de terrain remarquable, documentant la vie quotidienne, les traditions, les structures sociales et les coutumes de la population locale. Leurs recherches, pionnières pour l’époque, ont permis de préserver une mémoire précieuse de la société chaouie précoloniale et coloniale. Germaine Tillion, résistante et intellectuelle majeure du XXe siècle, tirera de cette expérience une connaissance fine de l’Algérie et un engagement profond pour sa compréhension.
Exposition Aurès, 1935. Photographies de Thérèse Rivière et Germaine Tillion. Montpellier :
https://www.enrevenantdelexpo.com/2018/01/30/aures-1935-photographies-therese-riviere-germaine-tillion-pavillon-populaire-montpellier/
Le Cinéma Algérien s’est aussi emparé de la région comme décor. En 2007, le film Mostefa Benboulaïd d’Ahmed Rachedi met en lumière le rôle central des Aurès dans la révolution. En 2008, La Maison Jaune d’Amor Hakkar, tourné entièrement en langue Chaouie, reflète le quotidien et la profondeur émotionnelle des habitants des montagnes.
Une Région aux Racines Rurales Profondes.
Outre sa dimension historique et culturelle, Batna est aussi une terre agricole essentielle. Environ 35 % des terres de la région sont consacrées à l’agriculture. La céréaliculture y domine, héritage d’un savoir-faire ancestral adapté au climat semi-aride. La région de N’Gaous est réputée pour la qualité exceptionnelle de ses abricots, tandis que Arris, plus à l’est, est connue pour ses oliviers et pommiers qui prospèrent dans les vallées montagneuses.
Cette richesse agricole s’inscrit dans une longue tradition d’autonomie et de résilience des populations chaouies, qui ont su tirer parti de leur environnement malgré les conditions climatiques difficiles.
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