L'Afrique du Nord Illustrée.

  

Le massif de Aurès est essentiellement constitué par un ensemble de chaînons parallèles dirigés SW.-NE.  Au centre l'axe du Lazereg offre le noyau jurassique d'un anticlinal infracrétacé dont la direction s'infléchit à son extrémité N pour former l'axe des dômes du Chélia et du Noughiss  De chaque côté de anticlinal du Lazereg s'alignent des vallées monoclinales, à l'W la vallée de oued Abdi, a l'E la vallée de oued el Abiod supérieur que on peut appeler vallée des Ouled Daoud. De part et d'autre du grand anticlinal et des deux vallées monoclinales qui s'y trouvent accotées se présentent des synclinaux aigus à leur pointe N. élargis vers le SW. C' est le synclinal de Bouzina que suit un affluent de oued Abdi, à l'est le synclinal de oued el Abiod inférieur et de son affluent oued Chennaoura que l'on peut appeler synclinal des Béni bou Sliman. Ces grandes cuvettes synclinales de Bouzina et des Béni bou Siiman de même que les vallées monoclinales de oued Abdi et des Ouled Daoud sont occupées en partie par des formations origine continentale nettement reconnues par Tissot comme antémiocènes etplus récemment attribuées par Ficheur l'époque oligocène. 

la guelaa est l'entrepôt commun où tous les gens du village déposent dans des chambrettes séparées sous la protection de gardiens vigilants leurs provisions et leurs richesses. Les guelaat se trouvent presque toujours à l'endroit le plus difficilement accessible du village. C' est asile suprême que l'on défend jusqu'à la mort. 

Un vallon qui respire une relative opulence. L'oued à creusé un large lit et au cœur de la vallée apparaissent les cultures de céréales sur petits champs, les grasses cultures, les potagers, les vergers et arbres fruitiers. Il y'a des figuiers, des grenadiers mais l'abricotier est l'arbre dominant. Vers l'aval, les forets disparaissent des sommets, et au fur et à mesure que l'on descend au fond de la vallée, on voit apparaître les palmeraies.

Tut ce circuit est jalonné de petit villages qui ont conservé leur cachet. Les déchras perchées au dessus des terroirs de culture, occupent les hauteurs, pitons ou mamelons sur lesquels s'accrochent les maisons, petits cubes serrés et étagés les uns sur les autres jusqu'à former d'étranges pyramides couleur de terre. Les rues forment un lacis de passages couverts.

un parcours de toutes beauté. on progresse le long de l'ued qui descend de 

Les Rassira maintenant vivent en paix avec leurs voisins et avec les Français, de leur vie guerrière d'antan subsistent comme témoin les guelaat inaccessibles et les cavernes de troglodytes creusées dans les flancs du canyon. Leurs villages d'ailleurs, les Rassira ne les habitent guère que pendant l'automne dès que la récolte des dattes et des fruits est faite ils s'en vont passer l'hiver dans les afri (grottes) de la montagne pour faire paître leurs chèvres. l'été ils s'abritent dans des maisonnettes isolées pour surveiller leurs récoltes de céréales ce sont donc non pas des nomades vivant sous la tente comme les Ouled Daoud mais des transhumants traînant leur misérable existence de gourbi en caverne et de caverne en gourbi. Pour 3000 Rassira, on comptait il y'a quelques années 650 maisons 350 gourbis et tente 1 jument 300 mulets et ânes une douzaine de beufs 500 moutons et 500 chèvres. les cultures couvraient 260 ha en orge et 33 en blé les jardins renfermaient 3500 arbres fruitiers et 10000 palmiers. Population pauvre n'ayant ni les bonnes terres du Nord que détiennent les Béni bou Siiman ni
les riches oasis du sud que possèdent les Mchounech. Les uns comme les autres du reste Béni bou Siiman Rassira Mchounech tirent difficilement leur vie du sol infertile et des maigres pluies que leur
offre la vallée du Chennaoura et de la rivière Blanche
Plus loin, Beni-Souik suspendue au roc, ses dattiers serrés le long de l'oued 


Le paysage est désolé dans les dernières heures, c'est la Dekhla, des terres corrodées, des montagnes rouges : l'entrée du Sahara. Cependant, le crépuscule et l'aurore dotent toute cette désolation de couleurs mer- veilleuses.

Par la vallée de l'El-Abiod, avec toujours Batna comme point de départ, on arrive, après avoir franchi un col élevé, à Arris, le siège de la commune mixte de l'Aurès et le point terminus de la route.

(A quelque distance, non loin des sources de l'oued El-Abiod, se trouve le plateau de Médina, d'où l'on, peut entreprendre l'ascension du Chelia, ce Mons Aspidis des Romains (2.328 mètres), point culminant de l'Altlas

mine, on retrouve, au pied d'une inscription gravée dans le roc par la 111° légion Augusta, les traces d'une voie impériale el d'un puissant travail de canalisation romaine remontant jusqu'à Arris.

A la sortie des gorges, le pays est tout différent. 11 faut abandonner la rivière, et remonter sur le plateau, où on chemine dans une région sauvage el dénudée. Subitement, on arrive sur le rebord abrupt d'une gorge extrêmement profonde et au-dessous, clans une sorte d'entonnoir qui rappelle les canons du Colorado, c'est la palmeraie, l'oasis de Ronfli.

Des palmiers remplissent tout le creux de la vallée qui, à cet endroit, s'est élargie. C'est comme une coulée de plantes vertes, un Jleuve de palmes entre de hautes murailles de rocs qui le sertissent. Plus semblable à un escalier qu'à un chemin, un étroit sentier de chèvres permet de traverser la rivière el de remonter de l'autre côté jusqu'au village de Ronfli dont les maisons sont tapies contre les rochers. Le fondonck a été placé à l'extrémité du village dans une vaste anl'ractuosité. C'est le rocher Jui-mèmc qui en constitue-la toiture. On a l'impression de loger dans une grotte.

Après Roufii, le spectacle continue aussi stupéfiant, aussi prodigieux ; villages des Ouled-Mimoun et des Ouled-Mansour.

Aux Ouled-Yahia, il faut quitter la gorge désormais inaccessible aux mulets pour atteindre le village de Baniane avec sa guelaa si pittoresque, sortes de greniers creusés dans le roc où les indigènes serrent leurs provisions.

Les montagnes deviennent de plus en plus hautes, la gorge de plus en plus profonde ; d'énormes rochers encombrent le lit de la rivière au milieu desquels il est impossible de trouver un chemin. Force est de quitter la vallée, d'escalader la montagne par un étroit sentier. La vallée ne s'aperçoit plus et c'est à peine si une étroite fente au fond de laquelle coule la rivière, décèle sa présence.

On continue de monter parmi les pierres, dans un paysage calciné où pas un brin d'herbe ne pousse et brusquement, tout en haut du col, c'est un ôblouissement.

A ses pieds, tout en bas, l'oasis verdoyante de Mchounèche, le petit village enfoui parmi les palmiers et plus loin, beaucoup plus loin, Biskra et ses immenses palmeraies. A l'extrême horizon de tous côtés le désert
pareil à une mer illimitée.

C'est de beaucoup la vision du Sahara la plus magnifique et la plus impressionnante qu'on puisse avoir en Algérie.

A Mchounèche accèdent les voitures de Biskra. La route serpente dans les défilés de la Dekhla où les vents et l'eau — pourtant rare — ont sculpté certains talus en des architectures singulières.

En cours de route, la douceur verte des oasis de El-Habel et de Droh, et on atteint Biskra après avoir traversé l'oued.



 L'oued Taghit prend sa source dans la petite plaine de Moudji à l'entrée des belles gorges qu'il forme et va se jeter dans l'oued Abdi au dessus de Nouader.Il arrose 03 villages appelés Taghit El Fougani, Taghit Sidi Bel Kheir, Ã peu de distance les uns des autres. La population totale de ces 03 dechras est de 600 habitants environ; leur altitude est d'environ 1.000 m. Les habitants de Taghit sont Abdaoui; ils se disent comme les autres gens des Ouled Abdi descendants de Bourch ou Bourech (( colon romain dont la légende s'est emparé (cf)). Plus loin ils conservent aussi très fièrement une mosquée( école-coranique, de Sidi el Husseine, dit (1)Belkhier) bien connue dans tout l'Aurès en raison de son emplacement sur le tombeau de Sidi Bel Kheir, marabout très vénéré et fils de Bourech. A Taghit meme existe une exploitation de mercure qui mise en exploitation il y' a quelques années par une société anglaise et abandonnée depuis à cette reprise par MM. Lagache et Puyvargue qui y ont fait de beaux travaux; le minerai très abondant est traité sur place et expédié sur Ain Touta par une route muletière que ces Messieurs viennent de faire construire.


A REGION DE L'AURES


Le massif de l'Aurès s'étend au nord-esl de Biskr.a.

Des plissements profonds le découpent, les vallées de l'oued Abdi et de l'oued El-Abiod, qui ont été récemment rendues accessibles aux voyageurs el qui constituent le circuit dont nous allons parler.

L'Aurès, vers le Nord, comporte les sommets les pi lis élevés de l'Algérie (Chelia et Mahmet, 2.327 et 2.321 mètres) et ses vallées étroites s'écoulent rapidement vers les plus basses régions (Biskra, 122 mètres). Tous ces oueds vont se perdre dans les chotts qui sont au-dessous du niveau de la mer.

11 en résulte non seulement un sol très mouvementé, mais une succession d'aspects saisissants entre les cèdres du Chelia et ses pâturages d'une part, et. d'autre part, les palmiers et les lauriers-roses, les montagnes dénudées des oasis au seuil du Sahara, lequel vu du haut des sommets de l'Aurès donne l'illusion parfaite de la mer.

De plus, cette curieuse région offre l'intérêt de ses populations qu'on désigne sous le nom de Chaouïa (pasteurs), le touriste y trouvera des visions de la vie montagnarde el pastorale aux premiers siècles de notre ère.

Les Chaouïas ont gardé dans leur sang mêlé le souvenir de races belliqueuses el surtout indépendantes. Aussi s'explique leur caractère, leurs longues révoltes, leur culte de la liberté. Ils se présentent comme un peuple fruste el laborieux vivant sa vie, sans rien emprunter à la civilisation qui cerne son domaine.

Comme les Kabyles ils appartiennent à la race berbère, mais sont d'un groupe linguistique un peu différent. Ils sont ni nomades, ni sédentaires. Les nécessités de la défense les ont porté à construire leurs villages dans des sites inaccessibles au flanc des falaises verticales ou au sommet de rochers élevés que couronne la Guelaa, grenier et forteresse à la fois où l'on dépose, en prévision des mauvaises années, l'excédent des récolles et ou l'on se retranche en cas d'attaque.

Deux centres de tourisme commandent les voies d'accès de l'Aurès : l'un est Batna, l'autre Bislcra.



Les cèdres géants qui le boisent, reste des forêts fabuleuses citées par les auteurs anciens, meurent faute d'un repeuplement rendu impossible en partie par les ravages d'un parasite spécial qui se présente sous l'aspect d'un petit papillon dont la larve attaque les jeunes pousses.

D'Arris encore vers le Djebel-Mahmel, de la Montagne nue ou des flancs du Bou-Telaghmine et la vallée de l'oued-Taza, on peut cheminer entre ce qui reste de forêts de genévriers mutilés par les bergers et les ouragans puis traverser la forêt de Tilifine où le héros berbère Tacfarinas tint si longtemps les légions de Rome en échec. A moins que l'on n'emprunte simplement la route qui conduit à Lambèse et Timgad.)

Au delà d'Arris, la vallée tout entière n'est qu'un ruissellement d'eaux murmurantes. Le torrent est saigné de toutes paris par les conduites et les seguias et c'est à peine si dans le fond, parmi les pierres, zigzague un mince filet. Mais toutes les sources, ingénieusement captées, circulent à liane de coteau, arrosent le moindre jardinet, de sorte que la vallée toute entière est remplie du bruissement des eaux.

Longtemps il en est ainsi et, quand on franchit le défilé de Tighani- coule entre la ville nichée sur un mamelon et une rude muraille de rochers percés de trous réguliers qui sont, disent les indigènes, l'oeuvre des Romains.

Des balcons andalous, de jolies femmes dévoilées, des caravanes venues du Sud avec des dattes et qui repartent avec les sandales jaunes et les abricots secs appelés « fermés », telle est la cité chère aux filles de joie et aux chameliers.

Aussi intéressante d'ailleurs par de typiques architectures que par des moeurs non moins typiques. Dans un faubourg se trouve la zaouïa avec les tombeaux de la famille séculaire des Beni-Abbès.

Ce village, où s'arrête la route accessible aux autos, est bâti sur les débris d'une forteresse détruite après l'une des innombrables révoltes de l'Aurès el, à une distance de 6 à 7 kilomètres, se trouvent les ruines de Nara, incendiée par nos troupes à la suite de l'insurrection de 1850.

De Ménaa, il est passible de gagner Lambèse en remontant la route de l'oued- Bouzina, à travers un maquis de romarins, des escarpements rouges, les deux villages de Tagoust, des ruines romaines et enfin les admirables verdures de Bouzina. Un millier d'habitants peuple les maisons étagées de cette bourgade, des monts pelés l'entourent, deux bras de torrent l'isolent. De là on chevauche vers la maison forestière et la forêt de Sgag.
Pour descendre vers le Sud, on prend, au contraire, la direction d'Amentane, où règne de nouveau la palmeraie.

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La haute plaine de Moudji à son image agrandie dans la haute plaine des Ouled Daoud Bien que parcourue par un oued important celle-ci est à peu près inabordable de tous les côtés, à l'W le Ras el Dra, à l'E le Djebel Seran et le Djebel Loua lui forment une haute barrière au N les défilés de Tizougarine et de Foum-Ksantina sont difficilement franchissables,  au S enfin se trouvent les célèbres gorges de Tirhanimine où la 6e légion laissa en an 145 inscription relatant son passage.



Les Ouled Abdi qui occupent les decheras situés en mont de Béni Souik sont plus sédentaires. un mélange de Berbères et de colons romains fort altérés se disant tous issus d'un certain Maiou quittèrent un jour le Djebel Lazereg où ils étaient installés pour venir s'établir dans la haute plaine de Moudji.  De là les uns tournèrent à l'E et formèrent les Ouled Daoud, les autres descendirent dans la vallée de Abdi et constituèrent les Ouled Abdi.