Niché au cœur des majestueuses montagnes des Aurès, le site des gorges de Tighanimine dévoile un décor naturel à couper le souffle. Ce passage spectaculaire, façonné par l’Oued Abiod, se déploie le long de la route nationale 31 reliant Biskra à Batna, entre falaises abruptes, vallées profondes et paysages à la beauté brute.
L’Oued Abiod, né au pied du mont Chelia, a sculpté au fil du temps ce canyon impressionnant, qui serpente entre le Djebel Ahmar Khaddou et le Djebel El Azreg. Au nord des gorges, se trouve le charmant village de Tighanimine, ancien fief de la tribu des Ouled Daoud.
Entourée de reliefs escarpés et de plateaux peu fréquentés, cette région longtemps isolée est aujourd’hui un refuge pour les amoureux de nature, de silence et d’aventure. Randonnées, balades au fil de l’eau ou simples pauses contemplatives : les gorges de Tighanimine promettent une immersion totale dans un paysage aussi sauvage qu’envoûtant.
Vue sur La Chaine Montagneuse Lazreg.
. Une inscription célèbre se trouve à la sortie sud du défilé de Tighanimine, sur la rive droite de l’oued el Abiod. Cette inscription, découverte en 1850 lors d’une opération militaire Française en Algérie, atteste du passage de la VIe Légion Ferrata romaine venue de Syrie, en l'an 145, sous le règne d'Antonin le Pieux. Elle constitue une preuve de l’existence d’une voie romaine reliant les Hauts Plateaux numides au Sahara à travers le massif de l’Aurès.
Inscription de la VIe Légion Ferrata.
. Entre 1912 et 1920, un sentier fut aménagé pour faciliter la traversée des gorges. Par la suite, un tunnel fut creusé sur la rive droite, dont certains pensent qu’il pourrait avoir été initié par les Romains. Cette route fut ouverte au public en 1936, facilitant l’accès à cette région escarpée.
. La Toussaint Rouge.
Le 1er novembre 1954, jour désormais connu sous le nom de "Toussaint rouge", a marqué le déclenchement de la Guerre d’Indépendance Algérienne. Ce jour-là, une embuscade décisive a eu lieu dans les gorges de Tighanimine, au lieu-dit Taghit Nath Bou Slimane, dans le massif des Aurès.
À 10 heures du matin, un autocar reliant Biskra à Arris est arrêté par un commando de l’Armée de Libération Nationale "ALN", dirigé par Bachir Chihani, adjoint de Mostefa Ben Boulaïd, chef de la zone 1 "Aurès" au sein du FLN. Cette attaque, l’un des premiers actes armés de la guerre d'Algérie, symbolise l'ouverture du conflit et s'est soldé par la mort de Hadj Saddok, caïd de M’Chouneche et ancien capitaine de l’armée française, ainsi que le décès de Guy Monnerot, jeune instituteur français en poste à Tifelfel. Son épouse, Jeanine, 21 ans, également touchée, a survécu.
En mémoire de cet événement historique et sanglant, souvent qualifié d’acte fondateur de la guerre d’Algérie, un mémorial a été érigé sur les lieux en hommage aux combattants tombés pour l’indépendance.
Aujourd’hui, les Gorges de Tighanimine représentent non seulement un site géographique et historique majeur, mais aussi un symbole fort de l’histoire contemporaine algérienne, notamment en raison de l’embuscade du 1er novembre 1954, point de départ de la guerre d’indépendance.
Sur la Route des Gorges de Tighanimines.
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