Voyages au Cœur des Aurès : Entre Montagnes, Traditions et Légendes.


On entend par Aurès, ce massif montagneux quadrilatère situé dans le Nord-Est de l'Algérie. Cet ensemble de chaînons parallèles se trouve plus voisin de la Méditerranée qu'aucune autre partie de l'Atlas saharien : entre les Hauts-Plateaux Constantinois contre lesquels il s'appuie au Nord, et la dépression saharienne dans laquelle il plonge au Sud, la différence d'altitude est considérable : Batna est 1058 m au-dessus du niveau de la mer tandis que Biskra est 124 m seulement. 


Le terme "Les Aurès", ou "l’Aurès" proviendrait du berbère Awras (Aouras), qui signifie "fauve". Il correspondrait à la couleur dominante de la montagne (Fauve roussâtre). 

Canyon du Ghoufi.

Cette zone de hautes terres est composée de 47 massifs montagneux (Chélia, Belezma, Rfaâ, Adhrar, Nouziza, Titaovine, Merouana, Metlili, Mahmel, Telmet, Ichmoul, Touggert,…etc..). 

Cependant, la région de l'Aurès ne se limite pas à ces massifs inaccessibles. 

Dès la plus haute antiquité on ne sut fixer de limites aux Aurès. On prétendit que les gorges d'El Kantara, étaient l'œuvre d'un coup de pied d'Hercule qui permit la communication nord sud dans l'Aurès.

. Salluste (env. 87-35 av. J.-C.) décrit une chaîne de montagnes qui sépare deux régions, l'une maritime (la côte est de l'actuelle Algérie) et l'autre intérieure (Tell). Les monts Aurès se terminent par le désert du Sahara.

. Le géographe byzantin Procope (500 - 565 ap. J.-C.) décrit l'Aures ainsi : "Cette montagne est située en Numidie, à 19 jours de voyage de Carthage et tournée vers le midi. C'est la plus grande que nous connaissions. Elle s'élève abruptement à une plus grande hauteur et il faut trois jours à un voyageur pour en faire le tour. Quand on s'en approche, elle ne présente pas d'accès et il faut escalader les falaises. Mais quand après cette ascension on arrive au sommet, on découvre des plateaux, des sols fertiles et des routes faciles, de bons pâturages, des jardins couverts d'arbres admirables et partout des terres labourables"

. Ibn Khaldoun délimite l'Aurès par le royaume des Koutamas, les Zibans, le Mzab, l'Oued Righ et le fait correspondre au royaume des Zénètes.

Charlemagne Émile Masqueray (1843 - 1894) qui a parcouru l’Aurès et exploré ses vestiges archéologiques souligne qu’il existait deux Aurès bien distincts : l’Aurès occidental et l’Aurès oriental, qui se distinguaient en particulier par leur dialecte et leurs traditions. Ainsi le terme de « Djebel Aurès » ou « Aourès » n’était connu des habitants du massif que dans sa partie orientale. 

. Durant la Guerre de Libération Nationale, la wilaya I, c'est-à-dire la wilaya Chaouie, allait du Hodna à la frontière tunisienne et d'Aïn M'lila à Doucen. Soit une surface qui dépasse 45 / 50 000 km²

D'après Ammar Negadi (écrivain berbériste algérien chaoui) : 

. A l'est, les monts Aurès englobent la région qui va de Souk Ahras à Négrine et longent la wilaya de Tébessa (Nemencha). Vers le sud, l'Aurès s'étend vers le sud-ouest de la wilaya de Biskra à NégrineVers l'ouest, les limites de l'Aurès atteignent la Petite Kabylie. Le contour passe les régions de Aïn Oulmène, de Magra, de Barika et de M'doukalVers le nord, l'Aurès comprend une partie des wilayas de Sétif, d'Oum El Bouaghi et de Skikda jusqu'à la wilaya de Souk Ahras.

Amenthane.

Taghoust.

La région des Aurès se caractérise par des hivers très froids, avec des température atteignant parfois les -18 °C. Les étés sont très chauds. Le thermomètre affiche parfois 50 °C à l'ombre. Les variations de température sont très importantes dans cette région d'Algérie. La pluviométrie indique 100 mm en moyenne annuelle sur le piémont sud et atteint ou dépasse 500 mm vers les sommets. 

Gorges de Tighenimines. 

Le couvert végétale des Aures varie en fonction de plusieurs facteurs, dont l'exposition, et l'altitude. 

Aux altitudes les plus élevées (1 750 à 1 900 m), on retrouve une végétation de montagne avec des xérophytes épineux, des arbustes comme le Sorbus aria et Lonicera implexa, ainsi que des herbacées telles que les violettes, ficaires, lamier violet, menthe, trèfle, et des bryophytes. Les forêts de cèdres géants dominent entre 1 600 et 1 650 m, en particulier sur les djebels Chélia, Aïdel et Chentgouma. En dessous de 1 400-1 500 m, on observe des formations mixtes de chênes verts, pistachiers de l’Atlas, genévriers oxycèdres et pins d’Alep. Entre 900 et 1 600 m, les maquis et garrigues se développent autour de la base des forêts. En dessous de 800 à 1 100 m, selon l’exposition, s’étendent les steppes, qui forment la principale formation végétale du versant sud. Enfin, des oasis isolées, de petite taille, abritent des palmiers dattiers et une agriculture fruitière et maraîchère en strates successives.

Fôret de Belezma.

Le Genévrier thurifère (Juniperus thurifera).

La composition faunistique des Aurès est assez faible. Elle se compose de quelques rapaces, de sangliers (assez nombreux car non chassés), de chacals, de nombreux reptiles, tortues, lézards, lièvres, serpents, de hyènes rayées, de grenouilles et crapauds dans les dépressions humides.

Bruant du Sahara (Emberiza sahari). Falaises du Ghoufi.


On y voyait encore à  la fin du XIX siècle, Gazella dorcasGazella cuvieri, et Ammotragus lervia (le mouflon à manchettes). Les lions qui réveillaient R.L. Playfair en 1877 ont totalement disparu ... Citation.

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Aures : Aperçu Historique.


Les Chaouis / Ichawiyene (الشاوية) sont un groupe ethnique berbère d'Algérie. Ils habitent principalement le massif de l'Aurès, ainsi que les régions attenantes, comme le Constantinois, et la région des Chotts. Très solidaires entre eux, et surnommés "Jbayliya", ces chaouiyas sont de rudes montagnards, de grands cultivateurs et commerçants.

Le qualifiant des habitants des Aurès "Ichawiyene" a subi au cours des âges des déformations phonétiques, pour se fixer définitivement autour de Chawiya ou ChaouiasAvant la conquête française, les autochtones n'employaient le mot Chaoui que pour désigner  un berger

La population des Aurès se compose de peuplades diverses en plus de ses habitants originels : à une époque reculée, ils furent rejoints par les descendants de conquérants romains et byzantins ainsi que des vandales. La tribu des Zenata habitait le territoire au moment de la conquête islamique, puis vinrent les tribus Huwara et Luwata, particulièrement au plus fort de la guerre entre Hassan Ibn Numan et les armées de Kahina.

Les Chaouis ont une organisation tribale et familiale. En général, il y a un chef de tribu qui prend les décisions importantes politiques et civiles du clan ou à l'occasion de guerre contre une autre tribu. 

1. Les grandes tribus chaouias de la rive nord ou les Aurès inférieures :

Les Ouled Fatma zoltan, les Ouled Sellam, les Herractas, les Jratna, les Thleth, les Segnia, Ouled Mhenna, Ouled Menaâ, Lahlaymia, Hiddoussiyene, Houarra, Ouled Mhemmed, Ouled sidi Lhadj.

2. Les grandes tribus chaouias de l’Aurès central ou Moyen Aurès.

. Les chaouias arabisés : Les bni fren, Bouazid, Ouled si Ahmed Benameur, Ouled Derradj, Bni Tazaght. 

. Les chaouias de la plaine : Les Ouled Chlih, Oules Sidi Yahia, Ouled Hamla (Condorcet)

3. Les chaouias de l’Aurès supérieure (Rive sud)

Les Touabas, les Aghvassir, Ath Faffa, Ath Imessounin, Nmemchas, Ath Ferh, Ouled Fadhel, Ouled djebel, Laâchach, Ouled Sidi Ali, Amamra, les bni Mloul, les bni Bouslimane, Ait Inoughisséne, les bni Souik.

Chaque tribu avait son ou ses poètes. Chaque poète avait sa tribu, ses protecteurs. Les guerres fratricides étaient courantes : pour un point d’eau, une terre, un honneur blessé, un panégyrique mal placé, mal interprété par un prince berbère, un guerrier.  

Les meilleurs poètes étaient primés dans les fêtes et les souks hebdomadaires de Batna, Tazoult-Lambése, Timgad, Merouana, El Kantara, Barika, Arris… 

Des villages qu’à première vue, auraient pu ne pas être remarquer à cause de leur similitude de matière et de couleur avec le sol, se fondent dans la nature.

Maisons du Vieux Bouzina.

Chez les Chaouis, l'esprit communautaire est fort, comme en témoignent les greniers collectifs aménagés dans les montagnes..

Grenier Collectif Ath Mimoune.

Les chaouis sont actuellement concentrés dans les grandes villes comme Batna, Khenchela, Oum el Bouaghi, Barika, M'Sila, Biskra. Un important exode rural a débuté au XIXe siècle, à cause des conditions difficiles des zones montagneuses et rurales. 


. Les Aurès, une Région Riche en Histoire : Repères.

Dans l’Antiquité, le nord de l’Afrique est occupé par plusieurs peuples berbères. Les Numides, installés dans l’actuelle Algérie et l’ouest de la Tunisie, sont divisés en deux royaumes : les Massyles à l’est et les Massæsyles à l’ouest. Au sud, vivent les Gétules, un peuple nomade ou semi-nomade. Les montagnes de l’Aurès, au sein du territoire Massyle, constituent un bastion naturel et stratégique, déjà intégré à l’espace numide tout en gardant une autonomie tribale.

Au IIIe siècle av. J.-C., le royaume Massyle est dirigé par le roi Gaia, un chef avisé et stratège, qui entretient des relations prudentes avec Rome et Carthage, tout en préparant son fils Massinissa à la succession et à la guerre. À sa mort, vers 206 av. J.-C., une lutte de pouvoir éclate, et Syphax, roi des Massæsyles, tente d’unifier la Numidie à son profit avec l'appui de Carthage. Mais Massinissa, fils de Gaia et héritier du trône des Massyles, s’impose comme un redoutable chef militaire. Allié de Rome durant la Deuxième Guerre punique, il affronte Syphax, qui s’est rangé du côté carthaginois.

Mausolée de Syphax. Siga. Aïn Temouchent.

Massinissa parvient à vaincre Syphax en 202 av. J.-C. à la bataille de Cirta, avec le soutien décisif des Romains, notamment de Scipion l’Africain. Cette victoire permet à Massinissa d’unifier les deux royaumes numides sous son autorité, donnant naissance à un royaume numide fort, centré sur l’agriculture et la sédentarité. L’Aurès fait partie de ce royaume, mais son relief montagneux en fait un foyer culturel à part, moins influencé par les structures politiques centralisées.

Monnaie Numide Exposée au Musée National des Antiquités et des Arts Islamiques.

Lors de la guerre de Jugurtha (111–105 av. J.-C.), des tribus Gétules soutiennent le roi numide contre Rome. Cependant d'autres tribus Gétules s'allient à Rome contre le roi Numide. Après sa défaite, la Numidie perd son autonomie : une partie du territoire passe sous contrôle romain, l’autre est confiée à des rois alliés.

Mausolée de Madracen.

Rome favorise alors l’installation de tribus gétules dans d’anciennes terres numides pour sécuriser la frontière sud. Les distinctions entre Numides et Gétules s’effacent peu à peu, mais les Aurès, peu romanisés en raison de leur isolement, préservent une culture berbère originale, qui survivra à travers les siècles.

. Durant la période Romaine,(105 av. J.-C : début du contrôle romain après la guerre de Jugurtha, à 430 ap. J.-C : fin de la domination romaine) l’Algérie devient le grenier à blé de Rome et se dote d'infrastructures telles que des aqueducs et des thermes.

Dès 100 ap. J.-C., la IIIᵉ légion Augusta partie de Theveste (Tébessa) s’établit successivement à Bagai (Baghaï), Mascula (Khenchela), Thamugadi (Timgad) puis Lambæsis (Tazoult). Au IIᵉ siècle, la VIᵉ légion Ferrata traverse l’Aurès du nord au sud, marquant son passage par la construction de routes et d’ouvrages comme le pont d’El Kantara. D'autres fortifications forment une ligne défensive partant de Theveste jusqu’à Vescera (Biskra), constituant le limes romain, une frontière fortifiée encerclant les Aurès. 

Le mot Aurasius apparaît aux second et troisième siècles comme surnom donné à cette région.

Arc de Trajan de Timgad.

Ruines du Praetorium de Lambaesis.

. En 430, c'est tout l'Empire romain qui se retire de la région sous la pression des Vandales qui envahissent le pays. Timgad est détruite par les montagnards de l'Aurès, qui reprennent possession de nombreux territoires. Le 28 août 430, les Vandales prennent la dernière ville romaine "Hippone" après un bref siège. 

Acte de Vente d'Oliviers. Djebel M'rata. 12 Janvier 494 Ap.Jc.

. Après avoir repoussé les Vandales avec l’aide des Aurèsiens, les Byzantins se retournent contre Iabdas, roi de l’Aurès oriental. Le général Solomon, fin stratège, obtient d’abord la neutralité des rois Masuna (Maurétanie sétifienne) et Ortaïas (Aures occidental) avant de lancer son attaque. 

En 535, Iabdas déjoue l’offensive en inondant le camp byzantin près de Khenchela, forçant Solomon à battre en retraite. Une seconde campagne en 539 se solde par la défaite d’Iabdas. Par la suite, les Byzantins se limitent à l’occupation des grandes villes du nord tunisien, de quelques centres stratégiques de l’intérieur, du littoral, et de postes clés du limes romain.

Forteresse Byzantine. Timgad.

. La première grande révolte berbère contre les Arabes est menée par Koceila, chef de la tribu aurébas (branche des Branès), et culmine avec la bataille de Tahouda où meurt Okba Ibn Nafaa

Plus tard, la reine Dihya (ou Kahina), issue de la tribu des Djerawas, dirige l’Ifriqiya pendant cinq ans, illustrant la résistance berbère et leur volonté de gouverner. 

Dans les Aurès, la victoire des Zirides et des Hammadides sur les Zénètes chaouis provoque un déclin majeur pour les Banou Ifren et les Maghraouas, notamment après l’échec de la révolte menée par Abu Yazid. Par la suite, les dynasties zénètes disparaissent des Aurès, et les Almoravides achèvent leur déclin à l’ouest de l’Algérie.

Mosquée Antique de Tkout.

. Après l'effondrement des dynasties arabes, les Ottomans prennent une partie des Aurès. Ils désignent des hommes pour contrôler les tribus et percevoir l'impôt. Les beys s’étaient assurés le concours de tribus locales, caravanières ou chamelières, qui leur fournissaient, moyennant certains avantages, la force mobile et les moyens de transport dont ils avaient besoin lors des deux campagnes annuelles de perception.

. La Colonisation Française des Aurès : Repères.

1836 : Première tentative française contre Constantine. Une expédition militaire française échoue face à la résistance du Bey Ahmed, souverain local de Constantine et figure de résistance contre l’occupation.

1837 : Prise de Constantine. L’armée française assiège Constantine. Après de violents combats, la ville tombe. Le Bey Ahmed échappe à la capture et continue à résister depuis les Aurès.

1837–1848 : Retraite du Bey Ahmed dans les Aurès. Le bey se réfugie dans le massif des Aurès, notamment à Menaa puis à la zaouïa de Sidi Masmoudi dans la région de l’Ahmar Khaddou. Il séjourne environ deux ans dans la région de la guelaa de Kebech, refuge discret au cœur des montagnes, fréquentée en été par la tribu transhumante des Ouled Abderahmane Kebech. Il finit par se rendre en 1848.

Djebel Ahmar Kheddou. Batna.

Buste de Ahmed Bey. Palais du Bey. Constantine.

1845 : Conquête de Biskra. L’armée française prend Biskra, position stratégique ouvrant l’accès direct au massif des Aurès. Début de l’intensification des opérations militaires françaises dans les montagnes chaouies.

1849 - 50 : Révolte de Zaatcha et destruction de Nara dans les Aurès. Dirigée par le cheikh Bouziane, un épisode marquant de la résistance algérienne. Le village est assiégé pendant 50 jours, avant une prise sanglante par les troupes françaises. Le village de Nara dans les Aurès est incendié dans le contexte des représailles. Les forces françaises commettent massacres et destructions, illustrant leur volonté de briser toute résistance.

Monument Commémoratif de la Révolte des Zaatcha. Village Zaatcha. Biskra.

1859 : Révolte dirigée par Si Sidi Saddok Bel Hadj Masmoudi. Nouvelle insurrection localisée dans le village de Ghoufi, symbole de la résistance montagnarde chaouie. Le village est entièrement détruit par les autorités françaises, dans le cadre d’une répression violente. Ghoufi devient un exemple emblématique des nombreuses destructions de villages résistants dans les Aurès.

Falaises du Ghoufi. Batna.

1864 : Deuxième destruction du village de Nara. De nouveaux soulèvements locaux déclenchent une expédition française conduite par le colonel Carbuccia. Après deux jours de combats violents, le village est totalement rasé, y compris ses trois quartiers. Les survivants devront attendre 20 ans pour obtenir l’autorisation de reconstruire, mais à un emplacement différent, signe du contrôle colonial strict.

1916 : Grande révolte des tribus des Aurès. Plusieurs tribus, dont les Ouled Soltane, Bou Aoun, tribus de la Hodna orientale, les Saharis (notamment celle de Lakhder Halfaoui), les Ouled Zian, les tribus de la montagne de Cherchar, les Seguias, et les Maadid, s’unissent dans une vaste rébellion contre l’occupation française.

Massif des Maadid. Msila.

L’armée française réprime violemment le mouvement, montrant que malgré la soumission apparente, le sentiment d’oppression et la volonté d’indépendance restaient forts. En réaction, la France impose des caïds religieux, hommes d’autorité servant de relais pour contrôler les tribus et pacifier les zones par l’encadrement spirituel et politique.

. La Guerre de Libération Nationale.

. Le 1er novembre 1954, ou la Toussaint rouge, comme appelée par les Français, est le premier jour du déclenchement de la guerre d'Algérie. C'est sur le territoire de Tighanimine qu'eut lieu l'interception de l'autocar Biskra-Arris, dont le bilan fut la mort de deux personnes, un Caïd local et un instituteur français.

Tunnel de Tighanimine

Dès 1954, les Aurès sont au premier plan dans la guerre d'Algérie. Mostefa Ben Boulaïd, né à Arris et appartenant à la grande confédération des Touabas, est l'un des six chefs qui sont à l'origine du FLN et déclenchent la révolution algérienne


Benboulaïd sera arrêté en février 1955 à la frontière tuniso-lybienne au retour d’un voyage qu’il avait entrepris pour se procurer des armes. Jugé et condamné à mort, Benboulaïd s’évadera le 4 novembre 1955 et regagnera le massif. Il décède le 22 mars 1956, à la suite de la manipulation d’un colis piégé

Centre de Tri et de Torture Djerma. Ex Ferme Lucas.

En 1962, l'indépendance est proclamée. Les Aurès font partie de l'État Algérien indépendant.


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Les Maisons des Aurès : Témoins d’un Savoir Oublié.


. Composition de l'Habitât des Aurès.

La Maison des Aurès est un espace polyvalent à organisation tripartite. L’espace Homme est le noyau autour duquel gravitent les animaux et les réserves. Celui-ci est utilisé sous différentes formes, suivant les heures de la journée et le rythme des saisons. Cet espace est composé de :

1. Lentrée qui oppose sa composition à deux autres espaces, ouverts et non couverts : l’extérieur et la cour. Cette hiérarchisation entre zone claire et zone obscure crée l’intimité de l’entrée.

2. La cour est un puits de lumière et de ventilation. Lorsque la cour est importante, elle est partiellement couverte et à double utilisation : espace cour (circulation) et espace entrepôt et bergerie.  

3. La salle commune est définit comme le plus grand volume de la maison. Elle est toujours isolée et limitée par les réserves. L’aménagement des murs est le complément de l’aménagement du sol. Les lieux privilégiés de la salle commune sont :

a. Le coin du feu

b. L’emplacement du métier à tisser. 

c. Le centre de la pièce. C’est le lieu de rassemblement familial et convivial,

d. Un coin de réserve journalière. C’est le coin le plus obscur de la salle.


. Entre Terre et Pierre : L’Art de Bâtir dans les Aurès.

Dans les Aurès, les maisons sont directement ancrées dans la roche, épousant la topographie naturelle sans modification majeure du terrain. Les irrégularités du sol et les blocs rocheux servent de fondations, assurant une continuité esthétique avec l’environnement. L’usage de matériaux locaux : terre, pierre et bois, renforce cette harmonie entre l’architecture et le paysage.

Dans tous les murs, les chaînages sont établis par des lignées horizontales disposés tous les 80 ou 100 cm. Les coins de murs sont souvent traités en pierres d’angle taillées. 

. Dans les maisons des Aurès, les ouvertures servent principalement à la ventilation plutôt qu’à l’éclairage ou à la vue. Des ouvertures triangulaires en hauteur assurent l’aération des réserves et des étables. L’ouverture en rosace, emblématique de la région des Aurès, allie esthétique et fonctionnalité : composée par la disposition particulière de sept triangles de briques de terre ou de pierres éclatées, elle filtre la lumière tout en garantissant une ventilation efficace.

. Les toitures des maisons des Aurès sont planes et horizontales, constituées d’une structure en bois de genévrier recouverte d’argile sur 15 à 20 cm d’épaisseur. Chaque année, après la première pluie, une couche d’argile violette est ajoutée pour colmater les fissures dues à la sécheresse estivale. 

Une légère pente permet l’évacuation de l’eau vers un point bas servant de gargouille, et des débords périphériques d’environ 40 cm forment une corniche protectrice.

Les cheminées à ventilations verticales émergent de cette terrasse par de simples trous rehaussés de pierres non maçonnées, posées au bord du trou.

. L’homme pénètre dans la maison par une grande porte, faite en bois de cèdre, parfois finement travaillée et marquée symboliquement par des amulettesLes animaux pénètrent par une porte basse, composée de matériau commun et de qualité moindre. 

Le seuil est toujours marqué par une surélévation, qui a pour rôle pratique la protection de la maison contre les eaux pluviales dévalant les pentes.


. Architecture et Territoire : La Construction au Rythme des Régions.

1. Dans la haute vallée, la pierre sèche domine. Les structures sont en bois : cèdre pour les pièces maîtresses et l’ossature, genévrier pour les poutrelles. 

2.  Dans la moyenne vallée, les soubassements des murs et les jonctions avec le sol sont en pierres non taillées, ce sont de gros blocs joints par un mortier et sur lesquels viennent se poser de briques de terre. 

3. La basse vallée reprend les modes de construction sahariens ; les structures sont en bois de palmier et les murs en briques de terre séchée.


La Vallée de l'Oued Abdi.

Le Vieux Bouzina : Plusieurs types de Maisons : Bâtisses avec ou sans greniers individuels. W. Batna.

Menâa. W. Batna.

Amentane. W. Batna.



Djamorah. W. Biskra.



La Vallée de l'Oued L'Abiod.

Gorges de Tighanimines. W. Batna.

Canyon du Ghoufi : Maisons avec Terrasses de Séchage ou Maisons Troglodytes. W. Batna.


M'Chounech. W. Biskra.


El Kantara. W. Biskra.


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