Le Canyon du Ghoufi se trouve dans la commune de Ghassira à 55 km au nord-est de Biskra, et à environ 100 km au sud-est de Batna. Sa distance linéaire serait estimée à une trentaine de kilomètres. Les falaises de part et d'autre de l’oued peuvent atteindre selon des endroits 200 mètres de hauteur.
Le nom d’origine du canyon est "Afflouss". Il signifie l’intérieur d’une noix. Cette analogie vient du fait que le Ghoufi est situé au cœur de la vallée de l’Oued Labiod. Le célèbre voyageur américain Hilton Simpson (1881 – 1939) avait, dans un ouvrage consacré aux Aurès
« AMONG THE HILL-FOLK OF ALGERIA : JOURNEYS AMONG THE SHAWIA OF THE AURES MOUNTAINS »
fait toute une description distinctive et précise des balcons et du paysage pittoresque l’entourant.
Les balcons sont sur leurs flancs, formés d'un habitât traditionnel berbère en forme d'escalier et sur leurs parois abruptes par une architecture troglodyte avec un concept principal "voir sans être vu". Ces habitations datent du 3ème et 4ème siècle.
Restes d'Habitations Troglodytes
Groupe de Maisons Traditionnelles Berbères Appelées "Kharouba"
Les maisons étaient construites de pierres extraites de la falaise, de mortier de terre, et de branches de palmiers. Elles étaient conçues de façon à conserver la chaleur tout au long de la saison hivernale, et être fraîches pendant l’été.
Capture écran : Vidéo archives Ina 1950 - Paysans de l'Aures : Travaux d'entretien d'une maison au Ghoufi.
Le Ghoufi faisait partie du « Aarch » Ghassira (لغواسير/عرش غسيرة) qui s'étendait du sud vers le nord. Ce dernier était composé de plusieurs tribus amazigh chaouis. Chaque tribu : Ouled mimoune (أولاد ميمون), Ouled Slimane (أولاد سليمان), Ouled Yahia (أولاد يحي), Ouled Mansour (اولاد منصور), Ouled Ouriache (أولاد ورياش), Ouled Abed (أولاد عابد), Ouled Bouakaze (اولاد بوعكاز), Tahmamte (تاحمامت) et Akhadrine (اخذرين) occupait deux D’chours (regroupement de maisons) au minimum, l’une perchée sur le plateau (résidence d’hiver et de printemps : Djebel Ahmar Kheddou). La seconde à proximité des jardins (Tibherine) où les habitants séjournaient à la fin de l’été et mi- automne pendant la période de la récolte.
Les jardins étaient composés de plus d’une vingtaine d’espèces d’arbres fruitiers, dont des grenadiers, des pêchers, des abricotiers, des figuiers, des orangers, des palmiers, et des oliviers.
Jardins au Bord de l'Oued Lobiad
Jardins en Etages Permettant de Protéger les Sols en Pente Contre l'Erosion
Les récoltes étaient séchées sur les terrasses des maisons. Chaque tribu avait son propre grenier (Guelaa ou takliit (قلعة)). Chaque famille possédait une pièce dans le grenier. Le grenier servait à entasser les produits de la récolte soit en vrac, soit en peaux de chèvres ou dans des immenses paniers en alfa.
Capture écran : Vidéo archives Ina 1950 - Paysans de l'Aures : Terrasse de maison au Ghoufi servant pour faire mûrir et sécher les récoltes d'hivers.
Capture écran : Vidéo archives Ina 1950 - Paysans de l'Aures : Habitants du Ghoufi
Au fond du canyon se trouve la Mosquée de Sidi Bouzemourth jouxtant la Zaouïa de Cheikh Sidi Ahmed Oussadek Abdi de la Tariqua Errahmania, hauts lieux de pèlerinage religieux pratiqué par les anciens.
Le Village du Ghoufi durant la colonisation française.
. Les habitations troglodytes du village du Ghoufi ont servi de refuge pour l'épouse d'Ahmed Bey en 1845.
. Les habitants du Aarch Ghassira ont fortement participé à la résistance populaire de Sadek Belhadj (1854 - 1859), notamment le village du Ghoufi qui était le point de ravitaillement en minutions, et denrées alimentaires.
. Les habitants du Ghoufi furent exilés entre 1859 et 1860 à Tébessa pour une durée allant de 10 à 12 ans. Leurs maisons furent incendiées et leurs biens confisqués en raison de leur participation à la résistance populaire .
. En 1902, la société hôtelière française "la Transatlantique" a construit un hôtel dans la cavité de la masse pierreuse, pour les besoins de confort touristique des officiers de l’armée française. Il formait par ses quatorze chambres une aire de repos après les rudes randonnées pédestres. Il sera détruit en 1955 durant la guerre de libération.
Le site du Ghoufi fut classé au patrimoine national de l'UNESCO en 1928 puis en 2005. Il a également servi de décor au tournage de plusieurs films dont :
Crépuscule des ombres
Film algérien réalisé par Mohammed Lakhdar-Hamina, sorti en 2014. Il a été sélectionné comme entrée algérienne pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère lors de la 88e cérémonie des Oscars qui s'est déroulée en 2016.
Bande annonce sur : https://www.youtube.com/watch?v=ZG9hB5aPxjA